"Il a été question un instant que le tunnel impacte le réseau d’Arêtes de Poisson de manière extrêmement limitée, et en réalité il y a eu zéro impact, le réseau d’arêtes des poissons est parfaitement intact"
Ainsi s’exprimait devant la caméra de France 3 un des responsables de la ville de Lyon au sujet du perçage du second tube du tunnel de Croix-Rousse.
Est ce que cet adjoint pourtant en charge de l’urbanisme est totalement à l’écart du projet de construction du tunnel, ou est ce un mensonge volontaire, et pour quelle raison ?

Selon la version officielle de la ville de Lyon, le réseau des Arêtes de Poisson n’a donc "pas été impacté". D’accord ; Alors que faisons nous avec une équipe de France 3, caméra à l’épaule, devant ce mur de béton qui coupe la première arête du deuxième groupe, 10 mètres à peine après son départ ? De l’autre côté de ce mur se trouve le nouveau tunnel.
A l’image de celle-ci, trois autres arêtes ont été coupées. La colonne vertébrale inférieure a elle aussi été touchée. Il n’est maintenant plus possible de parcourir le réseau dans sa totalité. Pour justifier la décision d’une destruction partielle, on nous expliquait au moment de l’étude que "Seuls 50 mètres sur les 2 km de galeries seront touchés. Soit une partie de quatre arêtes, sur 34, relativement inintéressantes car bétonnées".

Voilà donc un autre mensonge. En effet des parties du réseau ont été bétonnées, mais pas l’intégralité, et précisément pas cette arête dans laquelle nous nous trouvons. Et puis, bétonné par qui ? Par ces mêmes responsables qui se servent maintenant de ce bétonnage comme argument pour la destruction du souterrain. Quant à la question de l’intérêt, comment peut on dire qu’une partie de ce réseau n’est pas intéressante alors même que l’on ne sait toujours pas par qui il a été construit, quand, et surtout dans quel but. Pour évaluer l’ampleur de cette richesse nous aurions eu besoin de chaque mètre carré de ce réseau, et d’une volonté de la ville de faire de sérieuses recherches. Mais voilà, la ville ne trouve pas assez d’intérêt à ce mystère.

En 2009 pourtant, ce même responsable avait entendu les Cataphiles Lyonnais, qui étaient descendus avec la presse dans le réseau, et la conclusion était que ce réseau constitue un trésor unique au monde (cf article Lyon Capitale du 12/10/2009). Un trésor unique donc, mais pas assez unique pour que l’on tente de le préserver. Pire, on le détruit partiellement en couvrant l’opération par un vaste mensonge. Mais pour quelle raison, volonté des autorités d’écarter toute opposition aux travaux, ou motif plus obscur ? L’entêtement de la ville de Lyon à maintenir le sujet dans l’obscurité totale nous oblige à envisager toutes les hypothèses.

La conclusion du Sénateur-Maire de Lyon pourrait toutefois laisser un espoir, puisque l’on comprend qu’il y aurait une étude en cours pour ouvrir une partie du réseau au public. Mais des études, il y en a déjà eu, notamment en 1994 où un rapport complet estimait un coût de travaux à moins de 80 000€. Un budget dérisoire pour une ville comme Lyon, qui aurait permis de sauver définitivement ce réseau, et de l’étudier enfin correctement pour peut-être en découvrir les secrets. Oui mais voilà le rapport fut enterré, et en 2007 la décision est prise de creuser le nouveau tunnel, malgré la mobilisation des passionnés du patrimoine souterrain.

Espérons que maintenant que le tube N°2 est percé la ville prendra ses responsabilités pour préserver ce qui reste du réseau, et qui sait, peut être un jour rendra ce trésor souterrain aux Lyonnais...

Voici donc la vidéo du reportage, pour ceux qui ne l’ont pas vue :

Mise à jour : Un dossier un plus complet sur le souterrain des Arêtes de Poisson