« Il fallait bien trouver, dans cette grande ville maussade où les touristes s’ennuient au fond de leurs autocars, Il fallait bien trouver un lieu pour la promenade. J’avoue que ce samedi-là je suis entré par hasard…Dans un jardin extraordinaire, loin des noirs buildings et des passages cloutés ».
Ce sont ces mots qui résonnent dans nos têtes alors que nous passons la clôture qui nous sépare de notre visite du jour. Nous sommes au pied d’une villa abandonnée, l’ancienne villa d’un chanteur.

Nous avons dû être prudents et discrets pour arriver jusqu’à l’entrée de la propriété. Celle-ci se situe dans un quartier chic sur les hauteurs de la ville et les maisons voisines sont toutes sous surveillance. Il ne faudrait pas que l’on nous prenne pour des cambrioleurs. Nous passons devant une statue qui a perdu la tête ; est-ce fait exprès ou a-t-elle subi les ravages du temps ? Des ravages, nous en constatons une fois à l’intérieur. Les lieux ont longtemps été squattés et comme d’habitude, nous ne pouvons que constater la casse et les tags omniprésents. Cela n’enlève rien au charme de la maison et nous imaginons un moment ce que le domaine pouvait être à l’époque, quand l’autoroute n’avait pas empiété sur le terrain. Malgré le vide dans chaque pièce, il se dégage quelque chose de cette demeure. La conception est originale, il y a plusieurs couloirs étriqués pour passer d’une partie à l’autre ou pour gagner l’étage et le sous sol. On dirait qu’il y a plusieurs maisons sous le même toit.

A l’extérieur, de l’autre côté des remparts qui nous donnent l’impression d’occuper un château fort, nous apercevons la piscine au milieu de la végétation. Nous faisons le tour du bâtiment pour nous en approcher et c’est là, qu’au loin, nous remarquons une seconde statue. Celle-ci a gardé sa tête. Nous traversons donc le terrain pour aller la photographier et de notre place nous voyons alors une petite chapelle. C’est à la façon d’un jeu de piste que nous tentons de retrouver les vestiges de la propriété au milieu de la nature qui a repris ses droits. Étrangement certains endroits comme le chemin principal semblent entretenus.

A la mort du chanteur c’est son secrétaire qui hérita, mais suite à des problèmes financiers la propriété fut vendue aux enchères. Elle appartient aujourd’hui à un promoteur qui depuis plus de 3 ans n’a pas entrepris de travaux. Nous ne savons pas ce qu’il adviendra de la maison et du terrain. Une chose est quasi certaine, les squatteurs et les tagueurs ont encore du temps devant eux pour finir de la massacrer, malgré les rondes de la gendarmerie…

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